Pieds nus dans l’aube : Francis, Félix, Roy et le Québec
Vendredi 12 avril à 23 h 05, on plonge dans la jeunesse de Félix Leclerc revisitée par son fils.
Entre un charmant film jeunesse (Un été sans point ni coup sûr) et l’adaptation d’un conte de Fred Pellerin (L’arracheuse de temps), Francis Leclerc plongeait en 2017 dans la jeunesse de son illustre père pour signer un film aussi tendre que touchant.
Compléments:
Un film bienveillant
Derrière sa joliesse, il y a quelque chose d’étonnant dans Pieds nus dans l’aube, quelque chose qui semble échapper à des années de cynisme ou de grisaille, sans jamais forcer la note, quelque chose de sincère et de senti qui transcende chaque plan.
Bien sûr, on pourra mettre ceci sur le compte de la proximité totale de Francis Leclerc avec son sujet (le film est adapté du roman de son père, le grand Félix, ici joué par Justin Leyrolles-Bouchard, tandis que Roy Dupuis interprète le père de Félix, donc le grand-père de Francis). Toutefois, il y a encore autre chose : de la bienveillance, de la vraie, de la pure, qui fait du bien.
L’identité québécoise à travers le jeune Félix
Ce qui fascine encore, c'est qu’à travers l’histoire du jeune Félix, en 1929, avant qu’il doive partir étudier à Ottawa – c’est l’idée maligne de ce film –, c’est surtout l’identité québécoise qui est scrutée par le cinéaste. Cette identité est certes fantasmée, mais à mille lieues de la vision d’un Denys Arcand par exemple, ou de celle devenue clichée de l’homme québécois bourru taiseux.
Non, celle que propose Pieds nus dans l’aube est plutôt basée sur des valeurs fortes : le désir d’ailleurs, le respect de la nature et des êtres humains, d’où qu’ils viennent, la générosité, la soif d’apprentissage, l’honnêteté…
Comment devient-on un grand homme?
Alors oui, on pourra bien lever le nez sur la musique un rien conventionnelle, le récit manquant peut-être parfois de force au profit de saynètes impressionnistes, et les raccourcis. On pourra trouver cucul ce positivisme et cette conception sans arrière-pensée de la bonté. On pourrait le faire, mais ce serait se priver d’un film dont la sincérité et la gentillesse touchent droit au cœur. Oui, car la vraie puissance de Pieds nus dans l’aube est là : ni dans ses images harmonieuses et poétiques, ni dans sa tonalité douce et posée, ni dans ses couleurs oscillant entre le bois chaud, le blanc et le bleu ciel, mais bien dans cette bienveillance candide fondamentalement apaisante :
celle qui nous rappelle que les grands hommes ne le deviennent que lorsque quelqu’un leur a montré comment. L’idéalisme, parfois, au cinéma fait un bien fou.
Pieds nus dans l’aube, sur ICI Télé vendredi 12 avril à 23 h 05
La bande-annonce (source : YouTube).